Jour 3 : Le cycle de la violence conjugale
« Identifier et briser le cycle des violences »
Les violences basées sur le genre et la violence conjugale en particulier ne sont pas de simples incidents isolés. Bien souvent, elles s’inscrivent dans un cycle répétitif et progressif , connu sous le nom de cycle de la violence. Ce modèle psychologique, introduit pour la première fois par Lenore E. Walker dans les années 1970, montre comment les abus se perpétuent dans les relations violentes, rendant leur rupture extrêmement complexe. Ce cycle piège les victimes dans un engrenage émotionnel et physique, alimenté par la manipulation, la peur, et parfois même l’espoir. Comprendre ce cycle est une étape essentielle pour intervenir efficacement, sensibiliser et briser la chaîne.
Les 4 étapes du cycle de la violence
Chaque relation abusive évolue selon un schéma cyclique qui peut varier en durée et en intensité, mais qui comporte généralement quatre phases principales :
1. Phase de tension :
Cette phase marque le début du cycle. Les tensions montent progressivement, créant un climat de stress et d’inconfort pour la victime.
Caractéristiques principales :
- L’agresseur devient irritable, impatient ou critique, souvent pour des raisons banales.
- Les disputes deviennent fréquentes, accompagnées de critiques constantes, d’insultes voilées ou de reproches.
- La victime ressent une pression croissante et commence à anticiper une explosion violente .
- Elle tente d’apaiser l’agresseur en cédant à ses exigences, en modifiant son comportement ou en restant silencieux.
Impact sur la victime :
- Cette phase est marquée par l’anxiété et la peur. La victime adopte un comportement hypervigilant pour éviter de « provoquer » l’agresseur.
- Le sentiment d’être sur le fil du rasoir contribue à son isolement et à une perte progressive de confiance en elle.
2. Phase de crise ou d’explosion :
Dans cette phase, la tension atteint son paroxysme, et la violence éclate. Elle peut prendre différentes formes : physique, sexuelle, psychologique ou économique.
Caractéristiques principales :
- L’agresseur peut frapper, crier, menacer, ou agresser sexuellement la victime.
- Cette explosion est souvent brutale et imprévisible, laissant la victime dans un état de choc.
Impact sur la victime :
- Elle ressent une peur intense, une confusion, et souvent une douleur physique ou psychologique.
- Cette phase est traumatisante et peut avoir des conséquences à long terme sur la santé mentale et physique de la victime.
- Certaines victimes développent des troubles de stress post-traumatique (TSPT) ou des maladies psychosomatiques.
3. Phase de justification :
Après l’explosion, l’agresseur cherche à minimiser ou à justifier son comportement, souvent en rejetant la faute sur la victime. Cette phase est cruciale pour maintenir le cycle.
Caractéristiques principales :
- L’agresseur peut nier les faits (« Je ne voulais pas te bénir », « Tu exagères »), ou blâmer la victime (« C’est ta faute si j’ai perdu le contrôle »).
- La victime, déjà traumatisée, commence à douter de la gravité des événements . Elle peut se demander si elle est vraiment en tort ou si la situation était évitable.
- L’agresseur évite souvent de prendre la responsabilité de ses actions, ce qui empêche tout changement durable.
Impact sur la victime :
- La confusion psychologique devient un obstacle majeur pour la victime.
- Ce processus de manipulation mentale , souvent appelé gaslighting, rend la victime vulnérable et hésitante à chercher de l’aide.
4. Phase de lune du miel :
La phase de « lune de miel » est caractérisée par un comportement de repentir de la part de l’agresseur. Elle joue un rôle clé dans la persistance du cycle.
Caractéristiques principales :
- L’agresseur s’excuse, promet de changer et adopte un comportement aimant ou attentif.
- Cette phase peut inclure des cadeaux, des gestes d’affection, ou des promesses d’arrêter la violence.
- La victime, souvent épuisée émotionnellement, espère un changement sincère , ce qui la pousse à rester dans la relation.
Impact sur la victime :
- Cette phase renforce l’attachement émotionnel et entretient une forme de dépendance affective.
- La promesse d’un futur meilleur rend plus difficile pour la victime de reconnaître que la violence reprendra probablement.
Pourquoi est-ce difficile de briser le cycle ?
Plusieurs facteurs rendent difficile la rupture de ce cycle pour les victimes :
Manipulation émotionnelle
Les agresseurs utilisent des techniques psychologiques pour maintenir le contrôle :
- Blamer la victime pour les abus, ce qui entraîne un sentiment de culpabilité.
- Alternance entre abus et affection pour créer une dépendance émotionnelle .
Isolement social et peur
- Les victimes sont souvent isolées de leurs amis et de leur famille, ce qui réduit leur soutien extérieur.
- La peur des représailles, de l’escalade de la violence ou de perdre leurs enfants freine leur volonté de partir.
Dépendance économique
- Les victimes n’ont parfois pas les moyens financiers de partir, surtout si elles sont dépendantes économiquement de l’agresseur.
- La violence économique (refus d’accès aux ressources) complique encore davantage leur situation.
Manque de soutien ou de compréhension
- Les victimes craignent de ne pas être crues ou d’être jugées par leur entourage ou la société.
- Certaines cultures ou traditions justifient ou banalisent les abus, ce qui empêche les victimes de chercher de l’aide.
Briser le cycle : Une mission collective
Briser le cycle de la violence nécessite une action concertée à différents niveaux :
Reconnaître les signes et intervenir tôt
- Identifier les comportements abusifs et les schémas cycliques dès les premières phases.
- Sensibiliser les victimes pour qu’elles comprennent qu’elles ne sont pas responsables des abus.
Encourager les victimes à parler
- Créer un environnement sûr où les victimes peuvent s’exprimer sans peur d’être jugées.
- Mettre en avant les témoignages de survivantes pour montrer qu’il est possible de s’en sortir.
Renforcer les structures de soutien
- Développeur de refuges pour femmes, de services de counseling et de lignes d’urgence accessibles.
- Fournir un soutien juridique pour aider les victimes à obtenir des ordonnances de protection.
Éduquer sur les relations saines
- Sensibiliser les jeunes à l’importance du consentement, du respect mutuel et de l’égalité dans les relations.
- Former les communautés pour qu’elles fournissent et dénoncent les abus.
Appel à l’action : Ensemble, nous pouvons briser le cycle.
En reconnaissant les étapes du cycle de la violence et en agissant avec détermination, nous pouvons sauver des vies, restaurer la dignité des survivantes, et construire des communautés plus sûres. Le changement commence par la compréhension et se concrétise par l’action collective.
🧡 Ripostons. Soutenons. Agissons!!
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